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Mon palais végétal...

Bien chers tous,


En écrivant ce message, je me demande si Binocle arrivera jusqu’à vous pour vous remettre cette lettre...Cette vieille chouette n’en fait qu’à sa tête. Même si je lui ai promis une énorme souris à son retour, je crains qu’elle ne s’arrête en route et ne s’assoupisse. Quand elle se met à dormir, on peut craindre le pire !


Mais revenons à l’essentiel.


Si je vous écris, c’est d’abord pour vous rassurer. Tout va merveilleusement bien pour moi.Je suis devenue reine d’un pays qui vogue entre ciel et terre.


Vous aimeriez savoir ce qui m’est arrivé ?

Je vais vous raconter...


Ce soir-là, il faisait encore très chaud... Comme la journée avait été difficile, j’avais décidé de me rendre à vélo dans le petit bois non loin de chez moi. À peine arrivée dans les champs, comme quand on sort des brumes de la nuit, mon âme endormie s’est éveillée.


Il y a d’abord eu les odeurs...Celle qui dominait était l’odeur du foin coupé. J’ai adoré.

Ces parfums champêtres s’élevaient dans les airs avec grâce. Ils me faisaient penser à des danseuses de fumée qui, ondulant sous le vent, auraient cherché à charmer mes délicates narines. Ils m’enivrèrent tellement que je me mis à pédaler encore plus fort, encore plus vite !


Plus rien de pouvait m’arrêter. Ma respiration s’accélérait et je respirais à plein poumon, heureuse d’être vivante. Puis je regardai le ciel. Il était particulièrement beau. Sur un fond bleu-orangé, il y avait, ici et là, de longues trainées laiteuses.


À l’occident, le soleil, vêtu d’un habit de soirée cuivré, se préparait pour une nuit bien méritée. Et vers l’orient, la lune crâneuse, un peu pâle et un peu craquelée sur un côté, se montrait. Je constatai avec gourmandise qu’elle ressemblait à une fine galette de meringue dans laquelle la bouche d’une ogresse avait dû croquer.


Tout en contemplant le paysage, je continuais à pédaler, convaincue qu’au milieu de ces champs de blé, j’étais bien plus chez moi que dans ma maison carrée. Tout allait bien. Jusqu’au moment où, comme Alice avant de tomber au pays des délices, je croisai un lapin qui courait.


Là, j’aurais dû me méfier car tandis que je le regardais, un renard me coupa la route. Je voulus piler mais, dans mon dérapage, un énorme caillou qui était sur le côté propulsa l’ensemble de mon corps au-dessus du vélo.


Logiquement, j’aurais dû m’écraser sur le sol. Mais au moment même où j’allais le percuter, là, dans la terre, un gigantesque trou s’est formé et j’ai plongé dedans tête la première.


Ma chute était réellement vertigineuse. J’ai bien tenté de m’agripper aux parois mais je chutais à une telle vitesse qu’il m’était impossible de bouger. Cette descente effroyable me semblait interminable.


Mais ce qui me terrifiait le plus, c’était les cris qui remontaient du fond du trou. Ça ressemblait à des hurlements d’angoisse. Je me disais que j’allais finir comme tous ces désespérés quand soudain deux gigantesques mains m’ont rattrapée en enveloppant mon corps tout entier.


Et là, par un procédé que je ne saurais expliquer, je m’envolai. Les mains étaient douces et chaudes, le voyage était long, je me suis endormie. Quand je me suis éveillée, j’étais nue, allongée au beau milieu d’une herbe qui scintillait. Je découvris alors qu’elle était couverte de perles nacrées. J’étais dans le plus beau des palais.


Voilà comme je suis arrivée là…


Pas de mur, pas de plafond, rien de ce qui faisait mon quotidien n’existe ici. Je suis entourée de végétaux et de minéraux. Pas d’humain, juste des animaux. Ici, l’eau qui coule des fontaines étincelle d’une lumière fabuleuse.


Il paraît que si l’on arrive à saisir entre ses doigts une gouttelette sans l’écraser, celle-ci se transforme en diamant de bonheur. Je n’ai, je dois l’avouer, pas encore eu le temps d’essayer. C’est le magicien de mes nuits qui m’a confié ce secret.

Le magicien est un dieu.

C’est lui le maître des lieux.

Je n’ai jamais vu son visage car à chaque fois qu’il vient près de moi, il apparaît sous la forme d’un vent chaud. Je sais qu’il est là quand je sens son souffle sur ma peau.

Délicatement, il me prend dans ces bras et dépose dans mon cou des baisers passionnés qui me font tout oublier.Il me demande de fermer les yeux et m’entraîne dans une danse langoureuse qui fait monter en moi une fièvre amoureuse.

Ses mains me caressent les seins. Ses lèvres m’embrassent et ses bras m’enlacent. Parfois il me goûte, parfois il me savoure…mais ce que j’aime le plus c’est quand il me dévore. À chaque fois qu’il me touche, qu’il me frôle, j’ai la sensation qu’il me pare d’un habit de lumière.

Je me sens belle, je me sens reine.

Ses « je t’aime » pénètrent mon cœur et se répandent comme une lave incandescente dans chacune de mes veines.

Je me sens volcan.


Entre mes cuisses, mon sexe se gonfle. Et quand il est tout contre moi et que son corps chaud et puissant épouse le mien, je lui appartiens. Sur mon ventre bouillonnant, sa verge dure et gonflée me fait languir. Je frémis puis, finalement je le supplie.

Le magicien s’enfonce au plus profond de moi…C’est à ce moment-là je crois que je m’envole dans ce pays où les paysages sont d’une beauté inouïe. Dans cette promenade de volupté, je rencontre plaisir et extase.

Quand le voyage est fini, il dépose de son souffle léger encore quelques baisers et disparaît. J’ouvre alors les yeux et je m’aperçois que des fleurs enchantées ont poussé. Celles-ci ouvrent délicatement leur corolle et laissent échapper des bulles de pensées laissées par mon bien aimé.


Allongée sur mon tapis de mousse, je les regarde s’envoler dans le ciel argenté. Au bout de quelques minutes, elles éclatent et je découvre alors les pensées de mon amour adoré.


Mes bien chers tous, maintenant que vous savez que je suis ici au paradis, vous comprendrez que je ne veuille plus rentrer. Je suis reine d’un palais de volupté et je compte bien m’y installer pour l’éternité.


Je ne vous oublie pas mais je reste là !


Charly

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