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Le "parlercon"... nouvelle langue nationale!

Petites précisions avant de lire ce texte : Le criquet représente la Conscience. Référence à l’histoire de Pinocchio L’œil : Représentation du progrès, de la machine, de la vidéosurveillance, d’internet, des GAFA ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Parti I : Comment tout a commencé. Il y a longtemps de cela, presque tous les hommes vivaient avec un criquet sur l’épaule. Et puis un jour, l’Œil arriva. C’est à partir de ce moment-là que les criquets ont commencé à déserter. Que sont-ils devenus ? Que font-ils ? Avant de répondre à ces questions, il me semble judicieux que je vous raconte comment on en est arrivé là. L’Œil avait un grand dessein pour l’humanité : Devenir le maître du monde. Pour s’infiltrer au plus près de ses futurs esclaves, il créa la télévision. Chaque humain voulait la sienne et comme hypnotisé, il la regardait sans se lasser. Le soir, quand ils rentraient du travail, petits et grands, n’avaient qu’une seule idée en tête : Se mettre le plus vite possible devant leur poste. Les membres d’une famille, pendant les repas, ne se regardaient plus, ne se parlaient plus, ne s’égueulaient même plus... Dans un silence quasi-religieux, ils regardaient l’écran, tout en avalant la nourriture industrielle qu’ils achetaient en supermarché. Les criquets hurlaient d’éteindre les télés et de se remettre à lire et à parler. Mais rien n’y faisait ! Les oreilles restaient bouchées. C’est à partir de ce moment-là je crois que les insectes ont commencé à s’en aller. Le projet de l’Œil avançait mais il fallait aller encore plus loin. Son but : mettre son œil partout et s’implanter dans chaque cerveau humain. Il voulait que l’homme devienne une machine et qu’il s'exécute sans se poser de question. Pour qu’il accepte, il trouva une idée géniale : Internet! Images, sons, amour, sexe, informations, arts, services, jeux, tout y était accessible. Il mit en avant que c’était un moyen non élitiste pour que chacun puisse avoir accès à la culture et devenir par là même plus intelligent. Il fallait qu’internet devienne une nécessité comme boire et manger. En réalité, Internet était l’île enchantée de Pinocchio. Cette île où les enfants pouvaient goûter à tous les délices. Sans le moindre effort, leurs désirs étaient assouvis. Progressivement, les enfants se transformaient en ânes. Fort heureusement, le pantin de bois avait pour conscience Jiminy le criquet. Celui-ci s’aperçut de la transformation à temps et il put le sauver. Si Pinocchio a pu échapper à la malédiction de l’abêtissement, peu d’humains en revanche y parvinrent car l'Œil était redoutable.Tels des nourrissons dont le cordon n’aurait pas été coupé, les hommes s’étaient reliés à la machine de leur propre chef. Ils se gavaient d’images et de pensées toutes prêtes mâchées. L’Œil, jouisseur, leur suçait le cerveau. Un vrai festin ! Cependant l’Œil restait toujours insatisfait car quelques humains résistaient. C’était décidé, il se ferait aider par des hommes bien placés qui agiraient au cœur du système. Il en repéra quelques uns dont un en particulier. Curieusement, il avait encore son criquet sur l’épaule. L’Œil essaya à plusieurs reprises de chasser la bestiole mais l’insecte était petit et rapide. Dès qu’il s’approchait, la bestiole filait. De toute façon, l'Œil en était certain, tôt ou tard, il se ferait écraser par un pied et, plus jamais, on n’en entendrait parler. Mais laissons la bestiole de côté et recentrons-nous sur cet homme dont les dents rayaient le parquet. Véritable Lucifer, il s’est présenté comme un messie. Les médias, armée de l’ombre de l'Œil, le mirent sur le devant de la scène. Les promesses étaient si belles et l’homme si charmant que les prolétaires embourgeoisés, les bobos et les retraités ont assez vite succombé. C’est comme ça donc que ce messie, sous le regard des machiavels, devint... Président. L’Œil lui donna une mission, une seule : Appauvrir l’esprit humain afin de mieux le contrôler. En échange, il lui promit des postes très prometteurs dans l’avenir. Partie II : Un an de règne s’était écoulé... L’année avait passé. Même si le Président pouvait être globalement fier de son travail, il était un peu tendu pour ce premier rendez-vous. Comme un petit garçon, le petit chou tournait en rond dans son bureau et alla faire pipi une bonne dizaine de fois. Soudain, le petit président se figea : l’œil apparut sur le grand écran. - Alors où en est-on, interrogea l’Œil? - Nous avons bien travaillé. Cependant, il y a comme un vent de révolte qui souffle dans le peuple. Que devons-nous faire ? - Tenir le cap ! Je vous l’ai déjà dit : Pensez à la métaphore de la grenouille ! Le petit criquet courageux qui était encore sur l’épaule du président demanda : - Qu’est-ce que la métaphore de la grenouille ? Le président exaspéré lui répondit : - Plongée dans l’eau froide d’une marmite, la grenouille nage. Le feu est allumé, la température monte progressivement. Elle bouge moins vite car elle s’habitue à cette chaleur même si cela reste désagréable. Jusqu’au moment où elle suffoque et crève: Elle est cuite ! Le criquet offusqué bondit sur le bureau et d’un air accusateur, leva la patte et objecta : - C’est inhumain ! Tu ne peux pas faire ça ! - Je vais me gêner ! - Tu te rends compte de ce que tu t'apprêtes à faire ? Agacé, le président ôta doucement sa chaussure et avec une haine jubilatoire, écrabouilla la pauvre petite bête qui hurla. Son cri strident fut entendu par tous les criquets du monde. L’Œil laissa échapper un soupir de contentement et revint à la discussion comme si de rien n’était: - Qu’avez-vous mis en place exactement dans les écoles ? - Nous avons baissé le niveau. Nous avons d’ailleurs donné des directives pour que la majorité des élèves aient leur bac même si les résultats sont médiocres. Nous avons retiré beaucoup de culture générale. Bientôt, plus aucun gamin ne sera capable de situer Bordeaux et ne saura qui est Vercingétorix ! Nous réinventons l’histoire. En géographie, plutôt que d’apprendre le nom des fleuves, nous faisons de l’écologie. Les enfants rentrent chez eux et font la morale à leurs parents. Nous mettons le paquet sur l’aspect culpabilité. - C’est tout ? - Oh grands dieux non ! Nous avons mis en place une distribution de tablettes et d’ordinateurs. D’ici un ou deux ans, les élèves ne devraient plus avoir de stylos, de cahiers et encore moins de livres. Nous avons déjà commencé. C’est un franc succès ! Tous les parents réclament le « Programme Modernité pour nos Écoliers » ! - Vous n’avez pas de récalcitrants ? - Quelques-uns mais très peu. A ceux-là, on a expliqué que leurs chères têtes blondes n’auraient plus de cartables à porter. A l’heure de l’enfant roi, cet argument est imparable. C’est un peu le principe des caméras de surveillance. Au début, il y a bien eu quelques râleurs mais, très vite, nous les avons cadrés. - Comment ? - Par la peur ! Au besoin, on met quelques faits divers sordides en avant dans les journaux. Je vous assure qu’après, ce sont les mêmes qui réclament d’être surveillés ! L’Œil s’esclaffa puis ajouta : - Merveilleux ! Cependant cher président, je lis de l’inquiétude au fond de votre regard... Est-ce que je me trompe ? N’ayez crainte, je ne vais pas vous manger. Je ne suis qu’un œil après tout! - C'est-à-dire que nous rencontrons quelques difficultés avec les intellectuels, et notamment avec quelques philosophes. Non seulement, ils dénoncent mais soutiennent les rares qui se révoltent. Eux, on peut dire qu’ils ont leurs criquets solidement attachés ! - Ne vous préoccupez pas d’eux. Bientôt, ils seront obligés de se terrer comme des rats s’ils ne veulent pas être lynchés par la population. - Oui mais leurs écrits ? - D’ici quelques années, presque plus personne ne sera en capacité de les déchiffrer. Vos philosophes deviendront l’incarnation du mal absolu ! - Je ne comprends pas... - Avez-vous, comme je vous l’avais suggéré, favorisé la nouvelle langue : Le « Parlercon » ? - Bien sûr ! Chez les jeunes, presque 90% la parlent. Les parents commencent à s’y mettre d’ailleurs. L’exemple le plus flagrant est le sms ! L’écriture y est consternante! - Eh bien nous y voilà cher président ! Dans moins de vingt ans, vous aurez comme langue nationale le « Parlercon ». L’Humain moyen devrait avoir 400 mots en stock. son intelligences et ses gènes devraient s’en trouver profondément affectés! Nous serons à la tête d’un régiment de poules prêtes à grandir, à produire et se reproduire. Ils seront corvéables et manipulables à merci ! Alors il n’est pas beau ce nouveau monde ? Vous verrez que dans quelques années, les jeunes feront des bûchers avec les livres ! Et cela sans même que nous ayons à les menacer comme lors des dernières guerres ; Ils feront ça de leur plein gré. - C’est formidable le progrès ! - Mais au fait, dans les domaines des puces à implanter sous la peau, où en êtes-vous ?..... Partie III Rien n’est jamais fini.... Lecteurs, laissons l’Œil et le président. Ils sont trop navrants. Je vous propose de revenir à ma première question : Où sont passés tous les criquets ? En réalité, ils sont en train de se rassembler pour sauver l’humanité. Ils forment une armée pour s’infiltrer dans le réseau et le grignoter de l’intérieur. Tous les humains devraient alors se déconnecter et se remettre à penser. Les criquets pourront alors se reposer en reprenant leur place sur les épaules qu’ils avaient quittées. Quittées le cœur serré!


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