Dans un monde où l'actualité regorge de situations dramatiques, il peut sembler futile de s'attarder sur un petit problème comme le mien. Pourtant, mon expérience récente soulève des questions qui, à terme, pourraient concerner un nombre croissant de personnes. L'avènement de l'intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail n'est pas qu'une simple évolution technologique, c'est une révolution qui remet en question nos compétences, nos métiers et notre place dans la société.
Mon histoire : Quand l'IA remplace le copywriter
Pendant plus de 15 ans, j'ai exercé le métier de copywriter freelance en marketing direct, spécialisé dans le domaine du bien-être. Mon travail consistait à concevoir et rédiger des campagnes marketing, d'abord sur papier, puis rapidement sur le web. Ce métier demandait de la créativité, une compréhension du public et une maîtrise de la langue pour créer des messages percutants.
Début septembre, mon dernier client a cessé de collaborer avec moi. La raison ? Il m’a annoncé que désormais il utiliserait l’IA : Moins cher et plus rapide. En effet, ce qui me demandait 15 jours de travail, l'IA le réalise aujourd'hui en 30 secondes. Il suffit de lui fournir des textes existants et de lui demander d'en produire de nouveaux et elle exécute avec brio. Elle peut générer du contenu varié, adapter son style et même intégrer des émotions dans l'écrit.
Son rapport coût-bénéfice la rend imbattable. Là où je facturais 1000 euros, l'IA coûte à peine 50 ! Certes, vous pourriez me dire qu'il faut savoir vivre avec son temps. Il est vrai qu’à toutes les époques, des métiers ont disparu :
Les allumeurs de réverbères
Les standardistes, etc
Ces exemples montrent que l'évolution n'est bien sûr pas un phénomène nouveau. Là où les transitions précédentes s'étalaient sur des décennies, permettant une adaptation progressive de la société, l'IA bouleverse des secteurs entiers en l'espace de quelques années, voire de quelques mois.
L'IA est indéniablement un outil qui facilite la vie. Cependant, une question cruciale se pose : Ne risque-t-elle pas d'appauvrir les facultés du cerveau humain, en particulier pour les générations futures ?
Lors d'un récent repas de famille, une cadre supérieure de 36 ans m'a confié, à propos des difficultés en français de son enfant : "Ce n'est pas grave. Dans l'avenir, on n'aura plus besoin d'écrire. L'important est de savoir se faire comprendre."
Cette réflexion m'a interpellé. Elle révèle une tendance inquiétante à sous-estimer l'importance des compétences fondamentales.
Employer le mot juste et savoir écrire sont des compétences qui stimulent notre cerveau, développent notre capacité à penser de manière structurée et à exprimer des idées complexes. Le langage n'est pas seulement un outil de communication, c'est le socle de notre pensée. Il façonne notre compréhension du monde et notre capacité à l'analyser. Si ces capacités s'éteignent, que restera-t-il ? Comment préserverons-nous notre créativité et notre esprit critique?
Depuis la nuit des temps, l'humanité a cherché à progresser. Apprendre à lire, à écrire (et à compter) a permis d'évoluer ! Évoluer au point que quelques- uns se sont pris au passage pour Dieu( Je pense par exemple à Sam Altman, Elon Musk, etc.)... Mais aujourd'hui, pour l'humain lambda, n'y a-t-il pas un risque qu'il régresse et qu'il devienne une sorte d'esclave au service de l'IA ?
Peut-être allez-vous penser que je m’inquiète pour rien. Alors si c’est le cas, je rappelle que dans les années 80, personne n'aurait imaginé voir un enfant de 12 ans avec son propre téléphone portable dans la rue. Dans un avenir proche, de nombreux métiers seront touchés . Je pense en premier aux artistes mais il y en aura rapidement beaucoup d'autres!
La question qui se pose maintenant est : Si on veut que le changement se passe sans trop de casse, quand allons-nous engager une vraie réflexion sur l'impact de l'IA, ?
L'IA doit rester un outil au service de l'humanité, et non l'inverse.
Il est impératif que nous gardions le contrôle sur elle et que nous mettions en place des garde-fous, sinon beaucoup de métiers comme le mien disparaîtront.
Dernier point: Je cherche du travail !
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