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Infidélité

Qu’ai-je fait ?...


Je ne ressens plus rien : Ni le vent ni la pluie ni le froid. La tête vide et le cœur ravagé, j’avance en me posant une seule et unique question :


Qu’ai-je fait ?


Autour de moi, les gens s’affolent et les chapeaux s’envolent. La pluie s’abat violemment sur le sol ; et moi, je déambule sur les trottoirs, sans doute l’air bizarre. Pendant que le vent tourmenté soulève de vieux papiers, un homme, dans une chambre d’hôtel, sous les draps froissés, dort.


Sans doute a-t-il déjà oublié...

Moi pas !


Comment pourrais-je effacer ce qui venait de se passer ? Une nuit de folie ne s’endort jamais dans l’oubli ; elle s’inscrit définitivement dans l’esprit.


A travers les rues de la ville, je déambule nu-pied sur le béton mouillé. Mes escarpins dans une main et mes habits trempés sous le bras, je marche...j’avance. C’est en passant devant la vitrine d’un café que je remarque enfin que j’étais si bouleversée que je n’ai même pas pris le temps de me rhabiller.


L’abri de bus se rapproche et je remets mes vêtements : ma culotte finira dans ma poche. Qu’importe!


Si j’ai de la chance, je pourrais prendre le bus 17 qui m’arrêtera à deux pas de chez moi.


...Chez moi...


... Il n’y a plus personne chez moi. Les enfants sont partis, Pierre aussi.


Pierre... mon Dieu Pierre !


J’avais oublié qu’il rentrait aujourd’hui de son voyage à l’étranger. Je ne sais même plus l’heure à laquelle il devait arriver. Comment vais-je lui annoncer que je l’ai trompé ?


Ne rien lui dire ?

Laisser pourrir le mensonge jusqu’à ce qu’il me ronge, me torture et m’emprisonne définitivement à l’intérieur de moi-même ?


C’était peut-être ça la solution : une punition évaluée!


Le froid me fait maintenant trembler comme une feuille à moins que ce ne soit le remord qui contracte frénétiquement mes muscles les uns après les autres. Je ne sais pas. Je ne sais pas comment j’ai fait pour balayer 20 ans de ma vie en une seule nuit.


Quelle folie !


Après tout, je n’ai pas voulu tout ça...Si Pierre avait fait réparé la chaudière comme je lui avais cent fois demandé, jamais je n’aurai été obligée de sortir pour me réchauffer dans le bar en bas de chez moi.


Jamais, je n’aurai croisé le regard de cet homme.

Jamais, je n’aurai autant bouleversé au point d’en renverser mon café !

Jamais alors, je n’aurai accepté d’en prendre un avec lui et, jamais, je ne l’aurai suivi dans son lit.


Tout ça, c’est de la faute de Pierre !


Et puis merde : C’est vrai, qu’ai-je fait ?


J’ai fait ce que toute femme sensée devrait faire sans hésiter : Libérer ces fantasmes !


La vérité ? C’est que tout s’est passé comme je l’avais mille fois imaginé quand en plein en plein milieu de la nuit, mes amants imaginaires venaient me retrouver.


Après le café, quand il m’a proposé d’aller chez lui, j’ai dit simplement "oui" ! Tout au long du trajet, il a cherché à effleurer mes mains...A l’angle de la rue Charrue, il m’a demandé de m’arrêter. Son regard m’a gêné : J’ai cru qu’il allait m’embrasser. Finalement non, il m’a juste dit que j’étais belle et en a profité pour ôter de mes lèvres une mèche de cheveux qui s’y était subrepticement glissée.


J'ai frémi ; j'ai eu envie de me jeter sur lui.

Nous avons continué notre chemin en parlant de tout et de rien...de rien surtout.


Plus je m’éloignais de chez moi, plus je m’approchais de chez lui et moins j’avais envie de le quitter. Les quelques mots qu’il me chuchotait à l’oreille suffisaient à me faire oublier que j’étais une femme mariée ; une mère de famille attentionnée ; une femme qui s’était oublié avec les années.


Au fur et à mesure que je montais les marches pour le suivre dans son appartement, tout ce qui faisait ma vie, me quittait sans que je n’éprouve un seul regret.


Dans ses yeux, je me sentais désirable et fabuleusement vivante !


En le suivant, je me retrouvais. C'était comme si je me réveillais d'un rêve qui aurait mal tourné au fil des années.


Rien que d'y penser, mon cœur palpite au plus profond de mon intimité. Il me suffit de fermer les yeux pour voir les siens. Il y avait dedans un certain nombre d’idées obscènes qui m’excitaient.


Je sens encore ses mains viriles agripper mes hanches, griffer ma cuisse, caresser ma chatte. Il a sucé ma langue, mordu mes lèvres, mes oreilles et mon cou. Il a baisé mes bras, mes mains, mes doigts. Goûté chaque partie de mon corps. Entre chaque étreinte, il me chuchotait doucement qu’il adorait la salope que j’étais.


Quand j’ai senti à quel point il avait envie de moi, je suis devenue folle... Folle d’amour. Moi aussi, je l’ai baisé, mordu, griffé, sucé. Je l’ai aimé, je me suis donnée sans retenue !


Quand je l’ai quitté, je n’avais plus les yeux fermés ! Tandis qu’Apollon profitait d’un sommeil bien mérité ; Vénus ressuscitait !


Le bus 17 est enfin arrivé . A peine assise, je remarque qu'un homme dans le fond du bus, me sourit. Il est beau. Un peu plus jeune que moi, mais après tout, quel mal y a-t-il à cela ?


Finalement, je ne crois pas que je vais rentrer !


Après lui avoir rendu généreusement son sourire, je vais téléphoner à Pierre. Il me dira, exaspéré, que ça fait plus d’une heure qu’il m’attend à l’aéroport. Je lui répondrai alors calmement que, moi, ça fait plus de vingt ans que j'attends tous les soirs, un mot, un geste, un appel.


je lui conseillerai d'appeler un taxi et surtout, de passer à l'épicerie avant de rentrer car il n’y a rien à manger dans le frigo. Sur le coup, il aura du mal à comprendre...


Pour lui aussi, ce sera une première fois!

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