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Photo du rédacteurMartine Marie

Du chaos naissent toujours des étoiles qui dansent.

Dernière mise à jour : 4 août 2020

Charly était le genre de petite fille qui avait horreur qu’on lui raconte des histoires. Si bien qu’elle passait l’essentiel de son temps à tout vérifier, tout comparer, tout étudier.


Elle avait pour oreilles des antennes super puissantes qui pouvaient même capturer les murmures. À la place de ses yeux, deux scanners décomposaient systématiquement tous les humains qu’elle croisait.


Quant à son cœur, il était doté d’une telle hyper sensibilité que, régulièrement, il s’affolait. À ceux qui lui demandaient pourquoi il battait si fort, elle répondait que c’était une technique infaillible pour réveiller les morts.


Charly était une graine de poète en sciences humaines.


C’est d’ailleurs à cause de cette étrange nature qu’elle se retrouva à faire du patin à glace sur les anneaux de saturne avec le petit prince, pour l’éternité. Je vais vous raconter…


Toute cette histoire a commencé, hélas, par un drame. Mais c’est aussi l’histoire de la vie. Il faut l’accepter… Sans l’explosion du big-bang par exemple, nous ne serions pas là !


Du chaos naissent toujours des étoiles qui dansent.


C’était donc un soir de novembre. Charly était tellement terrifiée de s’endormir dans sa grande chambre toute noire qu’elle supplia sa mère de ne pas fermer les volets. Au moins, il y aurait la lumière des lampadaires pour l’éclairer. Sa mère refusa.

Alors elle mit le paquet : Elle pleura, cria, implora.


Sa mère, qui n’avait pas pour habitude de céder, trouva une idée pour que Charly cesse de hurler. Elle ouvrit la fenêtre et montra le ciel étoilé. Elle lui expliqua :


- Tu vois toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel ?


- Oui...


- Eh bien chacune d’elle brille pour un enfant endormi. Pour l’instant, la tienne est encore éteinte mais dès que tu auras rejoint tes rêves, elle brillera !


- Comment tu le sais ?


- C’est le bon dieu qui me l’a dit.


Si le bon dieu l’avait dit, il n’y avait rien à ajouter. Fallait surtout pas contrarier la reine mère en matière de bondieuseries. Charly regarda tristement les volets se fermer. Cependant, pour une fois, quand elle fut plongée dans la nuit noire, elle eut moins peur. Elle oublia les monstres et les voleurs et repensa aux étoiles. Comment pouvaient-elles s’allumer quand un enfant s’endormait ?Y avait-il un gardien en chef sur la lune, avec des lunettes à infrarouge, qui observait les enfants plonger dans la mer des rêves ? Non franchement, ce n’était pas possible ... Parce que si tel était le cas, le gardien aurait eu un bon milliard d’yeux ! Et s’il avait un bon milliard d’yeux, il serait super gros et super grand et, forcément, Charly l’aurait déjà vu.


Elle continua ses investigations...


À moins que, dans toutes les chambres d’enfant, on ait placé en cachette un lutin espion qui appuierait sur un bouton magique. Celui-ci enclencherait un signal télépathique avec l’étoile qui, du coup, s’allumerait !


Ça, c’était une bonne idée.


Sauf que, s’il y avait eu un lutin sous son lit, Charly l’aurait forcément aperçu puisque le week-end dernier, son père avait piqué une énorme colère et qu’elle avait été obligée de ranger le moindre centimètre carré de sa chambre.


La petite fille passa un bon bout de la nuit à échafauder toute une série d’hypothèses. Si bien qu’à la vingtième, épuisée d’avoir trop pensé, elle s’endormit sans avoir trouvé de réponse à sa question.


Mais le lendemain matin, à peine réveillée, la même interrogation vint la tarauder : Est-ce vrai qu’à chaque fois qu’un enfant s’endort, une étoile se met à briller et, si oui, qui s’en occupait ?


Charly savait par expérience qu’il fallait toujours se méfier de ce que disaient les adultes. Souvent ils mentaient... aux autres et à eux même en particulier.


La meilleure façon d’avoir une réponse fiable était encore d’aller vérifier. C’était donc décidé, Charly partirait, dès aujourd’hui, en expédition. Elle prit un sac et mit dedans quelques bonbons, son vieux doudou lapin et un couteau au cas où. Maintenant, il ne manquait plus que le moyen de locomotion. C’était quand même loin les étoiles et Charly ne savait pas conduire d’avion. Alors elle chercha, chercha... tourna dans sa chambre pour essayer de trouver quelque chose qui ferait l’affaire.


Elle essaya le trampoline qu’elle avait reçu au Noël dernier. Elle sauta de toutes ses forces et n’arriva même pas à atteindre le plafond. Pire, elle se cassa la binette et s’écorcha le menton.


C’est alors que ses yeux tombèrent sur un livre...Celui du petit Poucet !


Et voilà, elle l’avait son idée ! Elle allait lui piquer les bottes de sept lieues.

Charly plongea donc dans le livre et pendant que Poucet et ses frères roupillaient, elle lui retira délicatement ses chaussures. Juste avant de le quitter, elle lui laissa un petit mot d’excuse sur son bonnet. Elle sortit de l’histoire discrètement, sans le réveiller.

Si l’enfant qui sommeille en vous se réveille et s’insurge contre un tel comportement, qu’il se rassure. Charlie ne lui a chipé ses bottes qu’à la fin de l’histoire. L’ogre était déjà mort et enterré et toute la famille sauvée.


Charly enfila les chaussures magiques et ouvrit en grand la fenêtre. Elle regarda le sol et eut un peu peur. C’était vraiment haut, très haut. Le jardin semblait minuscule. Faut dire que sa chambre était quand même au deuxième étage de cette gigantesque maison.


Mais elle se rassura en regardant ses bottes et se dit qu’avec de telles merveilles, il ne pouvait rien lui arriver. Elle monta donc sur le rebord de la fenêtre et ouvrit très grand ses bras et s’élança vers le ciel.


Il y eut un bruit brusque et violent, un douleur terrible dans tout son corps. Puis plus rien. Juste un moment de flottement étrange. Un peu comme si elle se trouvait entre deux mondes. Après quelques minutes, tout redevint presque normal. Elle flottait dans le vide ! C’était même formidable. À chaque coup de pied qu’elle donnait, elle était propulsée en l’air comme une fusée !


Au cours de son ascension, elle vit au loin Jack grimper sur son haricot magique, puis frôla Nils Holgersson accroché au cou de son jars, volant parmi les oies sauvages. Elle passa aussi près de la porte des fées.


Elle monta, monta et arriva enfin sur la lune. Le spectacle était fabuleux. Les étoiles autour d’elle brillaient de mille feux ! Il y en avait des rouges, des bleues...C’était merveilleux.


Elle sortit son doudou lapin de son sac pour qu’il puisse lui aussi s’émerveiller de cet univers étoilé. C’est alors qu’elle entendit un bruit... Plus précisément des pleurs.

Grâce à ses super antennes d’oreilles, elle put facilement repérer d’où venait le bruit. Elle marcha, escalada quelques cratères puis derrière une montagne lunaire, elle vit un enfant recroquevillé qui pleurait.


Elle lui demanda :


- T’es qui toi ?


- Le petit prince.


- Pourquoi tu pleures ?


- Parce que papa Antoine est mort.


- Quand ?


- Il y a longtemps.


- Ben, tout va bien alors !


Le petit prince releva la tête surprit. Charly lui prit la main et la posa sur son cœur et lui dit doucement :


- Il bat fort !


- Oui et alors ? répondit le petit prince.


- Ce bruit-là, ça réveille toujours les morts !


Le visage du petit prince s’éclaira comme un soleil. Charly et lui devinrent les plus grands amis. Ils voyagèrent beaucoup. Sautèrent d’étoile en étoile. Aux dernières nouvelles que j’ai reçues du ciel, ils faisaient du patin à glace sur les anneaux de Saturne…


Jamais, au grand jamais, je ne leur dirai que, pendant qu’ils jouaient, sur terre, dans le jardin d’une gigantesque maison, un petit oiseau qui s’appelait Charly, fut retrouvé mort, en ayant voulu sauter du deuxième étage pour s’envoler vers la voûte étoilée.

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2 comentarios


mbcperrin
03 ago 2020

C’est vrai beau , l’enfant qui sommeille en nous se laisse emporter

comme Charly vers les étoiles...

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Randolph
Randolph
03 ago 2020

Les étoiles, le chaos, les rêves, le Petit Prince...que demander de plus ? (l'oiseau mort dont personne ne parlera jamais n'est qu'une illusion !). Un beau récit que chaque lecteur lis, j'espère, avec le cœur et l'esprit de l'enfant qu'il fut. Une mention spéciale pour Nils Holgersson de Selma Lagerlöf que j'ai dû lire une dizaine de fois il y a quelques décennies...

Merci Martine !

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