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Fôte!


"Être en faute", "Faire des fautes", "Être fautif"....

J’ai décidé d’écrire sur le sujet car je trouve qu’on entend assez peu les défenseurs de la faute ! Défendre la faute ? Oui …enfin surtout ceux qui la commettent !

Sans rire, j’en ai vraiment assez de la condescendance des « sans fautes » qui se permettent d’humilier les uns et les autres, sans vergogne !

Je pars en guerre avec mon stylo… enfin pour être exacte, avec mon clavier !

Signé : Zorro

Mon envie d’écrire sur le sujet est assez ancienne. Je me suis décidée en lisant dernièrement un commentaire sur Facebook. Une dame demandait quel était le nom d’un oiseau qu’elle avait rencontré lors d’une balade.

Avant même de lui répondre, un type lui a recommandé d’apprendre à écrire correctement le français avant de vouloir apprendre le nom des volatiles ! Il a fini par : « Retournez à l’école étudier ! ». Mon sang n’a fait qu’un tour, je suis intervenue. Je l’ai rétamé en un round (À coup de mots bien sûr, mes poings sont trop petits !) !

Autre exemple, lors d’une réunion à mon association d’astronomie, le président faisait un exposé sur le système solaire. Sur un texte qu’il avait projeté sur le mur, une dame a remarqué une faute ! Mon dieu ! Sans ménagement, elle lui a balancé que c’était limite pour quelqu’un qui vivait avec une institutrice ! L’exposé brillant venait presque d’être balayé pour une lettre en moins ! Hallucinant, non ?

Dernièrement encore, sur un de mes textes, une personne a laissé un commentaire assez odieux. Il m’a fait remarquer que j’avais laissé deux fautes. Rien de vraiment grave … C’est ce qu’il a ajouté ensuite qui m’a fait bondir. Il a estimé que ces deux fautes pourrissaient l’ensemble du texte poétique. Et que, par conséquent, il n’avait plus aucune valeur. Que c’était, je le cite, carrément rédhibitoire ! Rien que ça !

Je suis rentrée dans une grosse colère.

Pas sur le fait qu’il m’est fait remarquer que j’avais laissé deux fautes.

Non ce qui m’a fait rugir, c’est qu’il a jugé direct mon travail comme mauvais. Pour lui, ces deux fautes étaient de l’ordre du sacrilège. La subtilité des mots, la douceur des phrases, l’originalité des images, le ressenti poétique global n’existaient plus parce que j’avais oublié un « e » et, ailleurs, un « s ».

Je lui ai donc proposé, le plus naturellement du monde, d’aller enculer les mouches ailleurs.

Réponse grossière ? Oui et j’assume !

J’ai en fait utilisé la même arme que ce bipède rigide ! Sa remarque contenait tellement de sentiments abjects qu’elle en devenait vulgaire !

Monsieur, comme beaucoup d’extrémistes de la langue française, m’avait jugé sans ménagement à cause de deux minuscules petites fautes !

Ce type de personne, je le connais par cœur ! J’en ai tellement rencontré !

Ils regardent, ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue de Molière comme des gueux.

Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs, il ne s’agit pas de vouloir pour pouvoir ! Je peux vous en parler ! Malgré tout le travail que j’ai fait, il m’est presque impossible d’écrire un texte sans aucune faute ! Comme une vieille douleur, par-ci par-là, elles réapparaissent. Ma faute à moi ? Celle d’être une grande dyslexique. Aujourd’hui, on a tendance à fourguer là-dedans un peu tout et n’importe quoi.

D’ailleurs, vous qui me lisez, savez-vous ce qu’est la dyslexie ?

Selon les dernières études, la dyslexie serait une anomalie du cortex. Cela se traduit par une difficulté particulière à conceptualiser les sons de la parole, à les associer aux lettres correspondantes et à les mémoriser.

Voilà pourquoi je fais encore des fautes alors que je passe mon temps à écrire et à lire!

Pour vous expliquer ma situation, sans exagération, je pourrais me comparer à une aveugle qui aurait décidé de se mettre au tir à l’arc.

Avec beaucoup de travail et d’acharnement, je touche la cible à chaque fois. Le problème, c’est qu’il m’arrive encore de ne pas viser dans le mille. Je suis tellement traumatisée par les fautes et l’humiliation, qu’aujourd’hui encore, il m’est impossible d’écrire si une personne est au-dessus de mon épaule.

Ça, c’est pour l’écrit mais je pourrais aussi vous parler de toutes les fois où l’on m’a repris devant tout le monde parce que ma bouche avait laissé échapper un vieux mécanisme verbal du genre : Gourgette au lieu de courgette. Et je ne vous parle même pas des mots comme : « Ptolémée, Pneumatique, suggestion…»

Un exemple pour Ptolémée : J’ai passé plus d’une heure pour réussir à le sortir à l’endroit ! Comme j’en avais besoin pour un exposé en astronomie, j’avais de la motivation !

J’ai du mal à prononcer certaines syllabes car mon cerveau refuse de sortir l’information du premier coup !

Pour ne rien laisser paraître, j’utilise, la plupart du temps, des stratagèmes qui me permettent d’utiliser d’autres mots ! …

Pendant de nombreuses années, « la faute » a été une vraie souffrance. J’ai souvent eu la sensation (Je ne suis pas la seule et c’est pourquoi j’écris ce texte.) que la faute faisait de moi une idiote.

Qu’on se le dise : Dans la vie, on ne part pas tous avec les mêmes chances. L’égalité est un concept fumeux !

Outre la dyslexie, il y a d’autres paramètres qui entrent en jeu dans le fait que beaucoup de personnes font des fautes : La méthode d’apprentissage.

Les « sans fautes » savent-ils que beaucoup d’enfants ont eu une méthode d’apprentissage qui ne permettait pas de maîtriser correctement ce merveilleux outil qu’est l’écriture ?

Faire des fautes… Être en faute… Être fautif…

Franchement… La faute est-elle si grave ?

Je crois sincèrement que non. Est-ce que faire un texte sans faute est une preuve d’intelligence ? Il faut, me semble-t-il, avoir surtout une bonne mémoire. Je dirais que l’intelligence s’exprime avant tout dans les idées qui ressortent du texte.

Ensuite, j’ai envie de faire remarquer que la langue change sans cesse. Elle se transforme avec le temps et les époques. Avez-vous lu un texte en vieux français ?

Beaucoup plus loin, faut-il rappeler que les humains ont commencé par l’écriture cunéiforme ?

Pour finir, si vous faites partie des « sans fautes » qui s’offusquent, j’aimerais vous dire du fond du cœur : Soyez indulgent et cessez de juger !

Faites attention s’il vous plaît à la façon dont vous reprenez quelqu’un qui a commis une faute car vous pouvez le blesser plus que vous ne l’imaginez.

Et puis finalement, ne croyez-vous pas que l’écriture, avant d’être un art, a été, inventée avant tout pour s’exprimer et pour partager sa pensée ?...

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